Mont-Laurier, qui suis-je pour t’aimer ?

par Samuel Gervais

Les blogues de L’Autre Laurentides ont été créés par nos résident.e.s. Laisse-toi charmer par leurs mots, leur voix et/ou leurs images; c’est l’occasion de découvrir cette région qu’ils.elles affectionnent à travers leur cœur, tes yeux et tes oreilles.

en cette enceinte que je fréquente régulièrement
qui baigne dans une fumée rouge
j’y suis anonyme
comme celui-ci, celle-là et cet autre

dans la nuée
transpercée par la vapeur de nos corps
je ne me sens plus chez moi
une hostilité passagère
souffle sur mes épaules
érigées, comme le Bouclier canadien
protecteur, apparemment
contre les bourrasques et les intempéries
des contrées intouchées

une envie subsiste :
ne pas résister
laisser les barrages s’écrouler
le vent déferler;
la vapeur se matérialiser;
la fumée se consommer.

cette nuit-là j’ai abattu cette idée de moi que je projetais / j’aimais
pour vivre une réalité inavouée
honteux, j’ai grimpé les escaliers
grimpé, grimpé… grimpé
je n’ai nulle part où aller
j’emprunte ces corridors urbains
Mont-Laurier, qui suis-je pour t’aimer?

je t’ai négligée des années durant
m’époumonant à qui voulait bien l’entendre
que je ne reviendrais jamais en ton enceinte
lorsque je chassais le bonheur,
d’un code postal à un autre

Mont-Laurier, qui suis-je pour t’aimer?
moi qui t’ai trompée
aujourd’hui je me suis surpris à te vanter
à des passants / innocents

Mont-Laurier, qui suis-je pour toi
certainement pas le curé Labelle qui t’a fondée
pas même Albiny-Paquette qui t’a fait prospérer
maintenant rendu un boulevard qui te scinde en deux
je ne suis qu’un simple homme
qui t’es revenu
n’as-tu jamais doutée de mon retour

tu dois penser que je suis une girouette
passant mon temps à me réaligner avec le vent
tu n’as pas tort, je suis les courants d’air
j’avance seul,
savoir qu’ils sont derrière moi me donne l’impression que je ne le suis pas

Mont-Laurier, enfin, qui suis-je pour t’aimer
moi qui roule sur ta colonne tous les jours
qui franchit la rivière du lièvre sans y plonger
qui escalade tes vallons escarpés
je suis abasourdi par ta générosité